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LE TUNNEL D'URBÈS

1944 camp annexe du KL Natzweiler-Struthof

Le tunnel d’URBES a une double histoire qui s’étend de 1932 à fin 1944.

 

Le percement de cet ouvrage commence le 19 octobre 1932 par la Sté Vandewalle & Borie qui emploie 1100 ouvriers pour ce chantier important qui doit relier les réseaux ferroviaires de l’Alsace à la Lorraine et plus largement vers le Bénélux. Porteur d’une vision de développement économique pour ces deux régions, ce projet est malheureusement abandonné en 1935 après la faillite de l’entreprise en prise à des difficultés techniques et financières.

                                          

Le tunnel d’Urbès est un ouvrage ferroviaire reliant Urbès à Bussang et resté en état d’inachèvement en 1935, laissé à l’abandon jusqu’à fin 1943 et réquisitionné par le système concentrationnaire nazi début 1944. Il faut garder en mémoire que les 3 départements du Haut-Rhin (68), Bas-Rhin (67) et Moselle (67) ont été annexés de fait par le 3ème Reich dès le 22 juin 1940, ce qui est différent de l’occupation nazie des autres départements français. La libération de ces 3 territoires juridiquement français s’est déroulée de novembre 1944 à mars 1945.

                       

 

URBES-WESSERLING - camp annexe du KL Natzweiller (STRUTHOF) est situé en Haute Alsace à 160 km au sud du Struthof. Il est l’un des 70 camps annexes du KL.NA. URBES est un petit village alsacien de la vallée de la Thur, dans le département du Haut-Rhin (RN 66 de Mulhouse en direction de Bussang/Epinal).

Le « kommando dénommé Wesserling-Urbès » est le deuxième camp de travail souterrain SS en Haute Alsace, établi au cours de l’année 1944, dans le cadre du projet Waffen-SS  "Jägerindustrie" du  ministère de l’aviation du 3ème Reich.

Le tunnel ferroviaire d’Urbès dont le percement n’est pas achevé (4,500 km sur 8,250 km prévus), doit devenir une usine souterraine de fabrication de pièces et moteurs d’avions DB-605 dont la production est assurée par en lien avec la Daimler-Bentz GmbH installée à Colmar.

 

Le projet de transfert d’armement  fait partie d’un des grands projets de transfert d’armement décidé fin 1943.

Le Nom de Code « Kranich » A10 est attribué au camp de « Wesserlingtunnel bei Mülhausen » pour la fabrication des moteurs d’avions Messerschmitt (Motor DB 605). Un projet similaire «  code A9 » est mis en place au tunnel de Sainte Marie aux Mines (Haut-Rhin) dont l’usine exécutante est BMW Munich.

 

Les constructions et installations en souterrain sont placés sous la direction des Waffen-SS qui disposent d’une équipe d’encadrement  hiérarchisée et d’ingénieurs de divers corps de métiers.

 

Les premiers déportés, provenant de divers camps de concentration tels DACHAU, STRUTHOF, AUSCHWITZ, LUBLIN/MAÏDANEK sont employés à l’aménagement du tunnel en usine souterraine, à partir du 25 mars 1944, suivant les archives en notre possession. Les travaux comprennent également la construction de baraques d’hébergement, principalement sur l’emplacement des hébergements du chantier de 1935, l’établissement de routes d’accès et pose de rails. Les baraquements du camp ont été achevés vers mi-avril 1944, et les différents convois d’arrivées de déportés s’échelonnent de mars à mi-août 1944, jusqu’à atteindre le nombre de 1500  (NOTE*).

 

La plupart sont des déportés politiques portant le triangle rouge.  Ils constituent la catégorie des « Bauhäftlinge » et leurs conditions de travail et de vie sont misérables et sans pitié.

 Le 25 août 1944 arrivent 465 détenus juifs du KL Flossenbürg, dénommés  « Daimler Benz-Juden » et provenant de l'usine de Reichshof ; ils sont affectés aux moteurs d’avion et leurs métiers d’origine témoignent d’une sélection de personnes qualifiées en mécanique. Ces « Produktionshäftlinge » sont sous la tutelle de la Luftwaffe et sous l’autorité de l’entreprise Daimler-Benz. Ils seront ensuite transférés au camp de concentration de Sachsenhausen mi-octobre 1944 .

Les machines sont ensuite démontées ainsi que le matériel et transférés dans d'autres camps par d'autres déportés présents jusqu’à fin novembre 1944; l'arrivée des troupes de libération est  imminente, la vallée de Thann  est  libérée progressivement à partir de début décembre 1944.  Urbès est libéré le 2 décembre par le  Régiment des Tirailleurs Marocains.

TÉMOIGNAGE DE ZACHEUSZ PAWLAK

TÉMOIGNAGE DE ZACHEUSZ PAWLAK 

« Fin avril 1944, 400 italiens arrivèrent de Dachau. Ils étaient terriblement amaigris et psychologiquement effondrés. 2 ou 3 jours après l’arrivée du transport italien le commandant chercha quelqu’un qui savait l’allemand. Dans l’espoir d’un travail plus facile, je me présentais. C’était la seule fois que je m’éloignais de ma ligne de conduite : Ne jamais être le premier ni le dernier. Mal m’en a pris par la suite. Le commandant et le « Blockälterster » me conduisirent vers le groupe des italiens en leur indiquant qu’ils m’avaient nommé comme Kapo du groupe de 50 prisonniers italiens. Ce kommando devait construire une route de ballaste, qui devait commencer devant la baraque des SS et l’entrée du camp...

... En langage de signes je leur expliquais de quoi il s’agissait. Pratiquement aucun d’eux ne connaissait l’allemand. Ils apportaient les pierres et les posaient à côté de la future route qui devait être large de 4m.Cependant mes subordonnés n’étaient que des loques humaines. Je me rendais compte, qu’ils pouvaient à peine se tenir sur leurs jambes et de plus ils devaient trainer des pierres. Je leur expliquais le principe inébranlable de la résistance au camp : lentement-lentement-lentement mais toujours... Cette formule pouvait difficilement être réalisée, car devant le Block SS, des officiers SS apparaissaient constamment avec le commandant en tête. Ils m’appelèrent plusieurs fois dans l’heure et demandaient une explication, pourquoi les prisonniers travaillaient si lentement ? Je n’oublierai pas jusqu’à aujourd’hui combien cela m’a coûté de santé et de nerf. J’ai constamment réfléchit comment me débarrasser de cette fonction. Je n’ai jamais été si content de l’arrivée au camp d’un paquet de mes parents, juste le jour où j’ai ressenti pour la première fois le côté pénible de mon ‘avancement’. Je ne pouvais plus m’accommoder de la fonction de kapo. Je remarquais que les allemands observaient de près comment j’exécutais les obligations qui m’étaient transmises. Une loyauté manquante vis à vis de l’administration SS aurait pu être catastrophique pour moi, avec des conséquences tragiques. Il y avait une autre possibilité, mais seulement d’y penser me provoquait de la répugnance, mais jamais je ne serai un kapo. Je me trouve de l’autre côté de la barrière et je veux, comme les autres prisonniers, me battre pour ma survie. J’avais droit à cela. Je ne serai jamais au service des allemands !

Le sort me vint à l’aide de façon inattendue. Comme je l’ai déjà mentionné, je reçus un paquet de denrées alimentaires de la maison, après l’appel du soir. Je courus avec le paquet encore fermé chez Tony le « Lagerältester ». Dans le fond ce n’était pas un mauvais bougre. Je lui remis le paquet et lui demandais de me libérer de mes devoirs de kapo et de me donner un autre travail. Je me réjouis, lorsque qu’il acquiesça et me proposa un travail dans un kommando près de la gare de Wesserling. Le lendemain il me conduisit vers le contremaître de ce kommando, Stanislaw Wodzinski, un technicien de Wlochy près de Varsovie.

Mon poste fut repris par un déporté allemand communiste d’un certain âge. Ce kommando fut, après avoir terminé un tronçon d’une longueur de 0,500km, réduit à 5 personnes. Ils devaient alors améliorer la route sur 3km. Ce kommando tint avec le même kapo jusqu’à l’évacuation du camp en septembre 1944.

Le kommando de la gare de Wesserling dans lequel j’ai été intégré, devait décharger du gravier, du sable, des briques et des machines, depuis les wagons jusque sur les camions. Le déchargement de briques se faisait sous la forme d’une chaîne humaine de manutention. Dès les premiers jours mes mains avaient des plaies écorchées. A cause des douleurs vives, je ne savais pas comment je devais saisir les briques. Dans le kommando travaillaient différents prisonniers polonais, et bien que le travail fût dur, nous avions l’avantage de l’accomplir à l’extérieur sous les ordres d’un contremaître exceptionnellement loyal, compréhensif et qui encourageait le travail d’équipe.

Le kommando ne fut jamais changé dans sa composition, seule la surveillance était changée à certains intervalles. Parmi eux il y avait quelques SS très conscients de leur devoir. Après avoir surmonté le typhus et la jaunisse j’étais affaibli pendant des mois. Il y avait des jours où je pouvais à peine tenir sur mes jambes, sans parler de la décharge du ballaste. Les cailloux tenaient tellement ensemble qu’on arrivait pas à les prendre avec la fourche. La sueur coulait sur les yeux et les mains enflaient. Sur les doigts et les mains se formaient des ampoules, les forces diminuaient et l’état limite vers l’épuisement se manifesta. Même si les SS de surveillance tapaient un coup avec la crosse de leur carabine sur mon dos, je retrouvais par d’incroyables sources, une nouvelle force pour quelques heures. Cependant je m’affaiblissais de jours en jours. La faim était intenable. Au retour dans le camp, je passais le portail sur des jambes chancelantes, en craignant de tomber.

La voie annexe sur laquelle nous travaillions, était éloignée de 10km environ du camp. C’est pourquoi on nous conduisait au travail, aller et retour, en camion. Même la soupe arrivait à midi en camion.

Contrairement à Majdanek où nous étions constamment informés des événements politiques et des défaites des nazis sur tous les fronts, ici en Alsace nous étions complètement coupés de l’extérieur. Les ouvriers civils allemands travaillant aux machines étaient en général recrutés parmi des nazis fanatiques. Lorsqu’il se trouvait un allemand d’un autre avis politique, il était tellement entouré de partisans hitlérien, qu’il craignait d’échanger quelques mots avec les polonais.

L’observation attentive des ouvriers allemands et de l’équipe de surveillants du camp, laissaient apparaitre quelques fois des suppositions à propos de la situation politique. Un des premiers moments que nous pouvions observer de la sorte, fut le comportement changé de nos surveillants dans la première décade de juin 1944. Des questionnements insistants auprès de quelques allemands nous apportèrent une bonne nouvelle : des alliés avaient débarqués le 6 juin en Normandie et avaient déjà occupés deux jours auparavant la première capitale européenne, Rome. »

 

 

 Au camp de Wesserling-Urbès il n’y avait pas d’assistance médicale

(témoignage d’Anton Köhler, détenu) sauf à certaines périodes (témoignage de G. Neutz) où un détenu polonais faisait fonction d’infirmier.

A partir du 22 mai 1944 arriva un médecin détenu grec (irakien) du nom de Aschur Barhard qui reparti à Neckarelz le 10 août 1944. Lorsqu’un détenu était gravement malade il était envoyé au camp de Natzweiler à l’infirmerie (le «  Revier »). Toutefois 3 détenus moururent de typhus et un autre de gangrène.

 

Les détenus morts étaient également envoyés au camp principal. Sur le chantier d’Urbès 3 à 4 ( ?) détenus furent pendus dans le tunnel durant l’été 1944 devant tous les autres détenus rassemblés et obligés d’être spectateurs de l’exécution. Ces exécutions ont été orchestrées par l'ObersturmfürherJanish  en charge de la direction du chantier du tunnel.

 

Sur ce camp annexe, la mortalité semble dépasser 50 morts (environ 10 morts à Urbès et 40 morts déclarés à Natzweiler.)

D’après le témoignage de Zacheusz Pawlak, l’infirmerie se trouvait dans une grande pièce dans une partie de la baraque 1. Le médecin et un détenu infirmier habitaient l’infirmerie avec les malades. Les détenus malades n’y restaient que peu de jour puis étaient emmenés au camp principal de Natzweiler. A leur place on ramenait au travail le même nombre de détenus valides.

 

NOTE

* l’effectif total s’élève d’après les sources actuelles (F.Wehrbach et R. Steegmann) à plus de 2100 détenus/déportés dont 1100 russes, 300 polonais, 40 allemands,  des luxembourgeois, des yougoslaves, des français dont 2 alsaciens, 200 prisonniers de guerre italiens et 465 juifs DB. Des transferts incessants avaient lieu entre différents camps ainsi qu’avec le KL Natzweiler/Struthof, ce qui donne des variations d'effectifs hebdomadaires  conséquentes suivant la période.

L'AMÉNAGEMENT ET L'ARRIVÉE AU CAMP

L'AMÉNAGEMENT ET L'ARRIVÉE AU CAMP

1. L’aménagement

 

Le camp comporte 3 parties d’hébergement :

- le camp des italiens  logés dans 3 baraques séparées, ce sont des prisonniers de guerre)

- le camp des «  Ostarbeiters » (travailleurs forcés de l’Est  logés à part dans 3 baraques + 1 cuisine, à proximité du tunnel)

- le camp des déportés (8 à 10 baraques) où s'entassaient 100 à 150 détenus.

 

Le camp était entouré d’une haute clôture en fil de fer barbelé, non électrifié.

La garde était logée dans une maison en pierre en dehors du camp. Le personnel du camp et de garde trouvait à se loger chez des privés et dans l’hôtel Tannenberg à Storckensohn. Le personnel du camp et de garde était au début d’environ 30 personnes et a fini par atteindre 120 personnes. Le personnel était composé de SS ainsi que des officers et soldats de la ‘Luftwaffe’.

 

2. L’arrivée au camp 

 

Témoignage de Zacheusz Pawlak arrivé par un transport de marchandises le 31 mars 1944 au camp.

« L’arrivée s’effectue en gare de Wesserling sous la garde de soldats de la Luftwaffe, dont le comportement était moins rude que celui des gardiens SS. Ils donnèrent même de l’eau aux détenus pendant le transport afin d’étancher leur soif. Après une marche de 6 km, les détenus découvrent les clôtures du camp avec la maison des gardiens et la Kommandantur. Le tunnel proprement dit se trouve plus loin à 1,5 km. A cette époque il n’y a pas d’infirmerie ni de local sanitaire dans le camp. Les déportés sont répartis par groupe de travail. Les déportés « professionnels » ne sont pas encore au camp, ils n’arriveront qu’à partir d’avril 1944 : environ 500 italiens provenant de Dachau. Et bien plus tard, en août les 465 « juifs Daimler Bentz ».

 

 

Catégories de Déportés :

Les détenus politiques, triangles rouges, sont fortement représentés.

Les triangles verts (criminels de droit commun) et noirs (asociaux) peuvent se retrouver dans des fonctions de kapos ou autre. Un déporté allemand, Friedrich Liebing ‘Hauptmann’ dans la Luftwaffe est un triangle rose (homosexuel).

 

D’autres détenus, « professionnels »affectés aux ateliers de construction des moteurs DB, avaient des statuts différents dans ce camp. L’hébergement et la nourriture semblent avoir été moins misérables pour eux. Ils avaient peu de relations avec les autres Déportés et la diversité des langues a constitué une barrière car rares étaient les personnes bilingues dans ces équipes.

Dans la production étaient affectés, à côté d’employés civils, des femmes alsaciennes (?) des internés italiens, des « ouvriers de l’Est » ainsi que des détenus juifs.

 

Nationalité des Déportés :

Sur un ensemble de plus de 2100 détenus les nationalités les plus représentées étaient, par ordre décroissant : russe, polonaise, tchèque, italienne, allemande, luxembourgeois et  français.

LA VIE AU CAMP D'URBÈS

LA VIE AU CAMP D'URBÈS

L'Organisation fonctionnelle du camp de Wesserling-Urbès

Le camp de Wesserling-Urbès est sous l’autorité du camp souche KL Natzweiler : les adresses postales indiquent «  KL Natzweiler, Block W ».

       * L’encadrement du camp : une hiérarchie nazie

                 - Un commandant SS " Untersturmfürher " doublé par un SS- Obersturmführer (Janish) lorsque la production s'installe dans le  tunnel.

                  - Un SS-Unterscharfürher «  Hundefürher » en provenance de Natzweiler.

                  - Un SS-Untersturmführer chef des kommandos extérieurs (Arnold Brendler)

                  - Des Officiers et soldats de la Luftwaffe

 

       * L’organisation des détenus

               - 1 « Lagerältester » (Doyen de camp) : Anton Köhler (triangle​​ vert), Harry Hofman, Tonny

               - 1  Blockälterster

               - 1 Oberkapo : Georg Neutz, Erich (Allemand, triangle noir),

               - 6 Kapos : dont Ferdinand Kaiser (détenu allemand, triangle vert) et Jurek.

 

Après le travail  Kaiser  essayait de mettre de la bonne humeur parmi les détenus alors que Jurek, un polonais, très sévère, même cruel, utilisait sa matraque en câble pour frapper les malades imaginaires d’après ses diagnostics.
       - l Unterkapo : Aloyse Wies (luxembourgeois)
       - des Vorarbeiter
       - des Lägerstreiber 
       - des Revierkapo et des Hilfspersonal (environ 10 personnes) 


            * Les kommandos de travail

               - chargement et déchargement des différents matériels : Bahnhofkommando

               - pose des rails : Schienenbaukommando

               - construction de la route et amélioration du tronçon existant : Strassenbaukommando

               - électrification/ligne à haute tension dans le tunnel : Kabelbaukommando

               - La forge, la scierie

               - Cuisines

               - Château de Wesserling

               - Et autres kommandos pour la vie courante.

 

       * L’encadrement du travail par les civils

                - « Bauleiter » (Chef de chantier)

  

 

   1) Les SS

A urbès il y avait 3 officiers SS : Le « Untersturmfürher » (ou commandant du camp), plus tard « l’Obersturmfürher Janisch » (directeur du chantier du tunnel) et un autre, conducteur de chien,  qui vint de Natzweiler fin avril 1944.

Les compétences des 3 officiers SS étaient claires : le commandant du camp essayait de rendre la situation acceptable, pendant que l’autre ne voulait rien d’autre que la productivité dans le travail. Ils s’évitaient l’un l’autre. Le troisième qui était conducteur de chien, n’avait aucun commandement sur les gardes appartenant à l’aviation. Il voulait démontrer les pires méthodes utilisées à Natzweiler pour la surveillance des camps.

 

* Arnold Brendler né le 3 octobre 1916 à Isabelow en Pologne est transféré du Kz Lublin/Majdanek vers le KL Naztweiler le 15 mars 1944, où il devient chef du kommando extérieur sous le grade de « SS-Untersturmführer » de Wesserling-Urbès.

A partir du 1er Septembre 1944 il devient chef du KL Natzweiler.

D’anciens détenus du camp de Wesserling-Urbès témoignent de l’attitude de Brendler comme étant humain : il se serait comporté de façon correcte vis à vis des détenus en essayant d’arrêter les bastonnades et de fournir des chaussures (en bois) correctes.

* Le « SS Obersturmfürer » Janish est originaire d’Autriche. Il était responsable supérieur pour l’Alsace Lorraine et pour le chantier du tunnel du montage des machines et de la production ultérieure. Le personnel du camp et de surveillance avaient un terrible respect de Janish car il disait que si les détenus devaient travailler, ils devaient recevoir une tenue correcte. Il faisait obtenir tous les jours du lait et du vin.  Le régime des "détenus professionnels " était moins sévère  que celui des autres catégories (Voir archives E. Gillen).

 

 

  2) Les civils

Il s’agit des entreprises et de leurs ouvriers qui travaillent dans le camp. Les chefs de chantier, « Bauleiter », étaient principalement des civils alsaciens et se trouvaient sous l’autorité du chef de camp SS. Le chef de chantier Tschol (chef de chantier français), ne respectant pas l’obligation de  montrer ses papiers à chaque passage devant la sentinelle fut abattu par celle-ci qui ouvrit le feu et le toucha mortellement à la tête.

Les « Bauleiters » avaient une certaine autorité sur les déportés et pouvaient de ce fait temporiser certaines fois les ordres reçus par les SS. Les ouvriers avaient uniquement dans certains cas, une responsabilité dans l’organisation du travail.

 

Le témoignage complet de Monsieur Etienne Kotz de Mulhouse, affecté dans le tunnel comme ouvrier ferblantier à l’âge de 16 ans et demi, se trouve dans le livre de François Wehrbach. Il arrive au camp de Wesserling Urbès dans la deuxième quinzaine du mois de mars 1944 et y reste 4 mois.

« ... Dans le tunnel les travailleurs civils disposaient d’une carte d’alimentation identique à celle des mineurs. Les journées de travail étaient de 12h sans interruption, voire 24h et une fois 36h, 7 jours sur 7. Les SS nous ont fait signer plusieurs documents spécifiant qu’il nous était interdit de parler de ce qu’on verrait dans le camp et dans le tunnel. Ils nous ont remis des Ausweis. Durant cette période d’annexion allemande, les SS étaient la loi, ils imposaient, ordonnaient et c’était valable pour les civils comme les prisonniers ; nous n’avions pas à discuter.

Le logement des civils était assuré par réquisition de chambres chez l’habitant. Le matin nous nous levions vers 4h30, car à 5h un camion de chantier passait dans les villages ramasser une dizaine d’ouvriers civils travaillant à l’aménagement du tunnel. Il y avait des maçons, des électriciens, des ferblantiers couvreurs. Au total nous devions être 20 à 30 ouvriers civils sur le chantier et vers 5h15 nous arrivions dans un restaurant réquisitionné à l’entrée d’Urbès pour y prendre tous les matins notre petit déjeuner dans une petite salle « notre cantine ». Un modeste casse- croûte nous était remis pour le midi puis à 5h30 nous remontions dans le camion direction le tunnel. Nous devions passer 3 points de contrôle.

A partir du deuxième point de contrôle, qui se trouvait à l’entrée du camp de concentration des déportés, on pouvait apercevoir les déportés qui survivaient dans des conditions épouvantables. Au environ de 5h45 nous descendions du camion à l’entrée du tunnel. Le bunker de protection était en construction, deux mitrailleuses étaient installées en  haut des rochers à gauche et à droite de l’entrée, orientées en direction de la vallée.

Les déportés étaient déjà là à nous attendre, alignés sur les côtés dans leurs tenues rayées, coiffés d’un bonnet que tous retiraient pour nous saluer en criant en allemand « Guten Morgen Herr Meister !». Dès le premier jour les SS me nommèrent chef d’équipe d’un groupe 50 à 60 déportés d’une tranche d’âge allant de 25 à 50 ans, dans un état de fatigue et de manque d’hygiène impressionnant. Chacun d’eux ne pesait gère plus de 40 kg. Dès le premier jour je suis passé de l’état d’enfant à celui d’adulte, je n’ai pas eu de jeunesse.

En fin de journée, après 12h de travail sans interruption, les ouvriers civils regagnaient la cantine à bord du camion de chantier en repassant les 3 points de contrôle. Puis ils regagnais les villages où ils étaient logés.

 

  3) La garde

Elle était constituée de  militaires appartenant à l’aviation allemande. Ils ne prenaient pas part au travail. Pendant l’équipe de jour, aucun garde ne se trouvait à l’intérieur du tunnel. Dans l’équipe de nuit, pour des mesures de sécurité, 1 ou 2 gardes se tenaient à la sortie. 1 autre circulait à travers tout le tunnel. C’était des jeunes gens avec qui il était possible de parler.

 

  

  4) La vie des détenus

 

Les conditions de travail des déportés pouvaient être différentes selon la nature du kommando. Le travail de la forge était effectué par une équipe de 8 déportés avec un kapo, sans travail de nuit. Ils disposaient de la chaleur du foyer de la forge pour se réchauffer.

Après le travail au tunnel, ils rentraient au camp rejoindre leur baraque où 100 à 150 personnes étaient confinées, portes et fenêtres fermées. Ils dormaient dans une odeur nauséabonde. Dans ces conditions, après 14 jours de travail dans le tunnel, les déportés étaient méconnaissables. Ils étaient dans un état pitoyable, les conditions d’hygiène étaient inexistantes. Seuls les déportés travaillant à l’extérieur du camp portaient des tenues en à peu près bon état.

Suite à des tentatives d’évasion, les équipes ont été modifiées pour une durée de travail de 24h d’affilés suivi de 24h de « repos » sachant que certains étaient répartis dans d’autres kommandos de travail. Plus tard l’organisation a été de 3 fois 8 heures (6h à 14h, 14h à 22h et 22h à 6h.) ce qui a apporté une légère amélioration des conditions.

Toutefois le travail était harassant : transport de ciment, de sable et de pierres avec des brouettes. Travail à la machine à béton, portage de tuiles, pierres et câbles. Usage du marteau piqueur, de pelles et de marteau. Manutention d’engins etc..

Ces travaux devaient se faire sans arrêt ni repos, qu’il pleuve ou qu’il fasse froid n’avait aucune importance. Que les déportés n’aient ni vêtements ni chaussures adaptés était également sans importance.

 

Dans ces conditions la mortalité a été importante mais le fait que les malades étaient transportés au camp souche de Natzweiler ne permet pas de retrouver le nombre exact de détenus décédés.

On peut estimer à 8 morts sur Urbès et à environ 50 enregistrés à Natzweiler.

 

Témoignage de Zacheusz Pawlak : 

       « Le camp était immensément couvert de poux. (...) J’avais des poux de toutes les tailles ; il y en avait des grands, des gras qui se déplaçaient à peine et qui s’écrasaient sous la pression des ongles. Il y en avait des minuscules et j’étais effrayé du nombre impressionnant qui couvrait mon pull bleu foncé. Face à cette invasion de poux, le commandant (un officier SS de Lodz) ordonna la désinfection des vêtements et des blocks. Un kommando de lessive fut mis en place pour laver et faire bouillir le linge dans des chaudrons en dehors des baraques. Une fois par semaine on échangeait le linge sale des détenus par du linge propre. Sous la conduite de ce même commandant, l ‘échange de vêtements et de chaussures a été mieux organisé. Les détenus usaient intentionnellement les sabots hollandais en bois pour obtenir en échange des chaussures en cuir. Après l’appel du soir, ils se présentaient devant la baraque du magasin où un SS et un Kapo distribuaient les nouvelles chaussures et les vêtements. 

Je souffrais à cette époque de fortes coliques. Je devais travailler sans aucune surveillance médicale. Les coliques se manifestaient surtout la nuit et je me tordais sous d’indescriptibles douleurs. En recherchant un soulagement je me couchais dans différentes positions sur les poutres du toit de la baraque.  »

 

 

  5) Évasions, sabotages et faits de résistance

 

En avril deux groupes de russes se sont évadés. Un premier groupe de 4 est parti devant le tunnel.  En représailles tout le camp a dû rester debout sous la pluie battante sans pouvoir manger à midi. Le même jour tous les russes ont subi 10 coups de bastonnade donnés par le commandant Brendel et deux sous- officiers de la Luftwaffe (page 83 du livre de F. Wehrbach). Cette torture dura plusieurs jours.  Un des évadés a été repris et a été abattu lors de la reconstitution de son évasion. Les autres ont été traqués, repris et pendus.

 

Le deuxième groupe s’enfuit en passant par la canalisation de l'eau du tunnel le 18 avril. Deux réussirent à rejoindre la maquis vosgien du "Poteau" puis du "Peut-Haut". Les autres ont été repris et fusillés le lendemain.   D’autres ont pris la fuite plus tard mais ont, pour la plupart été rattrapés.  Le 20 juin 1944, exécution de 4 détenus russes par pendaison à l'intérieur du tunnel, en présence de tous les détenus, après tentative d'évasion. Début octobre un juif tente une évasion lors d’une alerte aérienne. Il est abattu et enterré au bord du camp du fait que les liasons avec Natzweiler étaient coupées.

 

D’autres évadés ont eu plus de chance. Un russe s’est évadé de son poste de travail sans aide de civil. Un polonais, a pris la fuite dans un camion de matériel.

 

Des cas de sabotage ont été relevés :

       - Des clous ont été enfoncés dans les câbles hors tension, destinés à une utilisation dans un autre chantier.

       - Des appareillages électriques ont été raccordés en inversant les sources d’alimentation.

       - De l’eau a été mise à la place d’huile dans les circuits de refroidissement de certains appareils électriques, ce qui a provoqué leur détérioration lors de leur mise en pratique ultérieure.

 

Témoignage de Zacheusz Pawlak : 

Courant avril 1944, une révolte est programmée sous le nom de «  » par des détenus de Lublin. Cette révolte va échouer et n’aura pas d’autres suites.

A la suite de plusieurs sabotages, le "SS-Hundeführer" se déguise en déporté à la fois pour repérer les détenus qui ne travaillaient pas et ceux qui préparaient un sabotage (cf page 74 du livre de F. Wehrbach).

 

Témoignage de Monsieur Kotz :

« Le 6 Juin 1944 dans la matinée, à l’extérieur du tunnel, sur la place d’accueil située à gauche de l’entrée du tunnel, un détenu polonais s’est approché de moi et discrètement m’as dit « les Alliés ont débarqué ce matin en France » c’était incroyable, cet homme interné dans des conditions terribles, à la merci permanente des kapos et des SS, m’informait et me donnait cette nouvelle alors que je sortais du camp tous les soirs et que je passais mes nuits chez l’habitant. Comment pouvait- il être au courant d’une telle information ? L’homme n’a pas répondu à ma question, il s’est retourné et a consulté ses compagnons. Un autre polonais s’est approché de moi et a sorti une grosse boite d’allumettes qu’il a ouverte pour me la montrer. A l’intérieur se trouvait tout un système électrique, c’était un mini poste de TSF à galène...

Encore de nos jours je suis bouleversé chaque 6 juin en repensant à cet homme m’annonçant cette bonne nouvelle. »

 

  6) La vie quotidienne

 

       * La nourriture​ :

« Le petit déjeuner consiste en 350gr de pain, 50gr de margarine et un ersatz de café. Le repas de midi est composé d’un litre de soupe dans laquelle se trouve quelque fois du lard. Le repas du soir est lui composé d’une soupe épaisse.

1 à 2 fois par semaine, est distribuée une salade française composée de raves, pommes de terre, carottes (et quelques fois escargots et cuisses de grenouilles ramassés par les prisonniers français, à la surprise des détenus d’autres nationalités).

Quelque fois une salade de harengs est distribuée. Ces améliorations étaient fournies par l’usine et non pas par le camp.

 

Certains déportés recevaient des paquets de leur famille, le contenu (souvent de la nourriture) servait de monnaie d’échange.

A partir de fin juillet 1944 la souffrance par la faim grandit. Les rations alimentaires sont de plus en plus petites et de qualité médiocre. Les français cueillent les pissenlits sur le chemin du travail pour en faire des salades au camp mais très vite ils finissent par les manger directement sans même les laver pour calmer leur faim ».

 

       * L’ Organisation d’une journée :

Chaque matin la sortie se faisant avant 6 heures, l’appel avait lieu dans le camp. Après un ersatz de café, les déportés parcouraient 500 à 600 m à pied pour se retrouver à l’entrée du tunnel, encadrés par les soldats accompagnés de maîtres- chiens. La surveillance permanente des nazis ne permettait pas d’imaginer une évasion.

Arrivé au lieu de travail, les SS effectuent un nouvel appel, puis le travail commence. A midi une soupe est distribuée devant le tunnel.

ÉVOLUTION ET FERMETURE DU CAMP  :

 

Il est important de rappeler que l’ouverture du premier camp annexe, parmi les 70  du Struthof se fait en décembre 1941 à Obernai (en Alsace annexée par les nazis depuis juin 1940).

     SUR LES 3 départements il y a eu  12 CAMPS ANNEXES et 4 Kommandos de travail : (sources :  Amicale des Déportés luxembourgeois, E. Jetz)

      Haut-Rhin (68) :

Sainte Marie aux Mines (ouvert en mars 1944) - Urbès (ouvert en mars 1944) - Cernay (ouvert de mars à fin septembre 1944) - Colmar (  Ateliers Daimler Benz en lien avec Urbès et Ste Marie aux Mines) - Mulhouse (200 déportés provenant d Dachau le 30 août 1944).

       Bas-Rhin (67) :

Obernai - Schwindratsheim -  et  deux Kommandos à Rothau et Niederbronn.

        Moselle (57) :

Audun le Tiche - Hayange - Metz Queuleu - Peltre - et 2 Kommandos de travail à Thionville et Ottange et Thil se trouvant sur la limite de la Meurthe et Moselle (54).

  •  Les camps annexes liés à l’industrie de guerre sont ouverts dès décembre 1943, le premier se trouve à Schömberg (Bade- Wurtemberg). Ils vont s’installer de janvier 1944 à avril 1945, les plus nombreux côté rive droite du Rhin. Certains déportés subiront les « marches de la mort » au fur et à mesure de l'évacuation des camps face à l’avancée des Armées des Forces Alliées.

  •  carte des camps annexes :  Gendenkstätte Neckarelz et Exposition  "Bientôt la Liberté nous reviendra".

Témoignage d’Ernest Gillen : « A partir de fin août le front s’approcha d’Urbès. Nous n’avions pas d’informations exactes, il fallait tout interpréter. Les civils nous apportaient toutes les nouvelles qu’ils pouvaient avoir de l’extérieur mais les plans des SS à notre sujet nous l’ignorions. D’un côté, nous espérions que les alliés allaient rapidement arriver mais, d’un autre côté nous avions peur qu’en peu de minutes on nous tuerai : les SS n’avaient qu’à fermer le tunnel, nous y enfermer et nous gazer. Ou bien avec quelques explosifs tout aurait été accompli.

Les ouvriers civils ont été pourvus de revolver. Les détenus entendaient aussi des coups de fusils de maquisards. Ces derniers ont été trahis et fait prisonniers. »

A partir du 9 août 1944, 300 détenus sont envoyés vers Neckarelz.

Plus de 100 morts seront enregistrés après le bombardement de Karlsrhuhe le 10 août.

Divers mouvements de sortie de Wesserling-Urbès sont enregistrés à partir de cette date, et c’est mi- octobre 1944 que les derniers ouvriers quittent les lieux.

Toutes les machines et même les baraques sont démontées et envoyées en Allemagne.

 

Témoignage de Zacheusz Pawlak : « Pendant l’été 1944 nous observions de grands escadres de bombardiers alliés qui arrivaient du sud et pénétraient dans le ciel au- dessus de l’Allemagne. Plusieurs centaines d’avions volaient dans de grandes hauteurs et pouvaient à peine être vus à l’œil nu. Autour d’eux se trouvaient, tels des mouches, des avions de chasse qui protégeaient les escadres des avions allemands. Les alliés jetaient des bandes d’alu dont toute la région était parsemée afin de rendre la reconnaissance de l’escadre difficile à la DCA. »

 

Evacuations successives :

 

Devant la menace grandissante de l’arrivée des Armées de Libération, le camp est évacué à partir de septembre et jusqu’à mi-octobre 1944 pour la plupart des déportés.

Un nombre important d’hommes est envoyé dans les kommandos du Neckar ;

Vers mi-septembre 300 hommes sont évacués vers Schwindratzheim dans le Bas Rhin. Pour à peine plus d’un mois. Ce kommando éphémère a été ouvert début septembre pour aménager une usine souterraine.

L’ensemble de l’entreprise Daimler-Bentz du tunnel d’Urbès est transféré en Saxe à Kamenz sous le Nom de Code « Elster GmbH Kamenz ».

 

  • 15 Juillet 1944 -> 200 détenus sont dirigés vers Sainte Marie aux Mines (en Alsace annexée)

  • 9 Août 1944 -> 300 détenus sont dirigés vers Neckarelz. Au cours de ce transport un bombardement près de Karlsruhe le 10 Août 1944 provoque plus de 100 morts

  • Septembre 1944 -> 300 détenus sont dirigés vers Schwindratzheim et/ou Dachau -> environ 300 vers Neckarelz

  • Fin septembre 1944, on dénombre encore 565 détenus, dont les 465 détenus juifs sur URBES.

  • 10 octobre 1944 -> Transfert des 462 détenus « désignés comme juifs Daimler-Benz » vers le camp de Sachsenhausen. 3 wagons seront organisés. Il ne reste plus que quelques personnes  pour les derniers rapatriements de matériel.

 

Pour mémoire :

Mars-Avril 1945 -> Evacuation finale des derniers camps annexes de Natzweiler, et « Marches de la Mort » sur la rive droite du Rhin, dont Neckarelz.

 

 

Témoignage de Zacheusz Pawlak :

"On ne sortit pas les machines du tunnel. Avant de partir du camp, un groupe de pionniers vint avec du matériel explosif...

Le camp de Neckareltz était surpeuplé de détenus venant du l’ouest.

Une grande usine de moteur d’avions était installée dans plusieurs tunnels sur la rive droite du Neckar. C’était en quelque sorte une ville souterraine dans une vieille usine de Gypse."

Zacheusz va travailler dans plusieurs kommandos dont Bad Rappenau puis revenir à Neckarelz en mars 1945 pour être ensuite évacué sur Dachau.

Fin avril 1945 il est libéré lors de la ‘Marche de la mort’ des déportés de Dachau.

LA POPULATION ET LE CAMP

       1.  Surveillance/sanctions

 

La population était indésirable aux alentours du camp.

En septembre 1944, un groupe de jeunes écoliers âgés de 13 ou 14 ans s’est fait sanctionner pour s’être arrêté lors d’une promenade. Ils observaient une bétonneuse. Ils ont été séquestrés, le soldat SS leur a donné le choix entre une raclée magistrale ou 15 jours d’internement au camp.

D’autres cas ont été rapportés.

 

       2.  Dans le camp, présence de civils 

 

Parmi les ouvriers civils qui travaillaient dans le camp, la plupart étaient alsaciens et comprenaient la langue allemande.

Une entraide a pu s’organiser envers les détenus français, luxembourgeois et allemands qui ont pu obtenir ainsi des travaux plus faciles et plus sains (la pratique de l’alsacien permettait de se comprendre et de s’organiser entre détenus). De la nourriture a pu être remise en cachette aux déportés mais cela représentait un risque car certains kapo et Vorarbeiter étaient prompts aux sanctions et aux bastonnades.

Pourtant une certaine solidarité pouvait s’exprimer suivant le caractère du qui suivait le chantier. Les conditions de travail étaient moins mauvaises pour la grande masse des détenus, quand celui-ci restait humain.

 

La solidarité entre détenu se vivait de différente manière.

Monsieur Louis Michon raconte : « (...) Un jour j’ai eu un flegmon à la fesse. Un de mes camarades ayant eu des notions de médecine m’examina, et dit qu’il faudrait le percer pour que le pus s’évacue. A l’aide d’une lame de rasoir donné par un autre déporté, il entailla ma peau en croix, en fit sortir le pus et confectionna un pansement rudimentaire avec des morceaux de papier et de chemise. Nous savions qu’il ne fallait jamais avoir à se rendre au ‘Revier »(Infirmerie des camps), car tous nos camarades gravement malades n’en étaient jamais revenus. Ils avaient probablement été envoyés à Natzweiler).

Très affaibli par l’infection, ne pouvant pas rester dans le block, mes compagnons de forge me prirent en charge. Les 6 ou 7 jours qui suivirent, ils m’emmenaient depuis le camp jusqu’au tunnel en se mettant de chaque côté afin de me soutenir sous chaque bras pour que je puisse avancer avec eux. Arrivés à la forge ils m’avaient confectionné une cachette sous des cartons dans un recoin de notre atelier ; ainsi installé au chaud je pouvais récupérer des forces sans risquer d’être envoyé au ‘Revier’ par les SS. Durant cette convalescence, au moment de l’appel dans la forge, un de nos compagnons masquait sa voix et répondait présent à l’appel de mon matricule. ... Durant l’épidémie de typhus nous avons fabriqué du charbon de bois. Certains d’entre nous en mangeait pour ne pas tomber malade...»

 

       3. Le kommando du Château de Wesserling

 

« Les pièces du château étaient réservées aux SS. Lorsque les alliés s’approchèrent de l’Alsace, une partie de l’était major du front y fut installé. Le grand parc avait une énorme clôture et à l’intérieur se trouvaient de jolies maisons alsaciennes encore occupées par des habitants de la région ».

Le kommando était composé de prisonniers employés dans la cuisine SS et d’autres détenus qui s’occupaient de la propreté du parc et cette proximité a permis des actes de solidarité, en particulier en apport de nourriture.

 

  • Aide apportée par les civils

Le 14 juillet 1944, les déportés français ont pu fêter la Fête Nationale avec un gâteau préparé par les habitants de la région et introduit clandestinement au chantier du tunnel par M. Robi Wolsperger.

 

La famille Haas met quotidiennement à disposition des détenus affectés au kommando de la gare de Wesserling (chargement/déchargement de matériels mécaniques et matériaux de construction), un sac de provisions dans leur potager. Une attention particulière était destinée au chef ou au garde pour « payer » son silence. Ce manège marcha quelques mois avant d’être dénoncé.

Plus tard, lors d’un orage violent où les détenus furent regroupés dans les bureaux de l’usine, Julien Haas et son père s’y introduisirent en faisant passer des mégots et des morceaux de pains à leur attention.

En aout 1944, M. René Klein, alors agé de 11 ans, se souvient de la rencontre de sa grand mère avec deux détenus évadés du camp d’Urbès. Elle leur apporta tous les jours à manger dans leur cachette pendant 4 mois.

Un de ces deux s’est engagé dans l’armée de libération, l’autre M. Oluszczyk Mieczylaw s’est installé à Thann et y a fondé une famille.

 

 

ÉVOLUTION ET FERMETURE DU CAMP
LES TÉMOIGNAGES APRÈS LIBERATION

LES TÉMOIGNAGES APRÈS LA LIBÉRATION DES CAMPS

Ernest Gillen, né le 19 mars 1921 à Haller (Luxembourg) et mort en février 2004. Résistant et déporté dans plusieurs prisons et camps, il arrive à Natzweiler le 29 janvier 1943 jusqu’au 2 mars 1944.

Du 26 mars 1944 au 25 septembre 1944 il est interné au camp annexe de Wesserling-Urbès. Triangle Rouge des Déportés Politiques. Grâce à ses témoignages précis, ses croquis et dessins et son livre personnel, nous disposons  d'un fond documentaire exceptionnel qui permet de continuer le travail de reconstitution  du fonctionnement du camp d'Urbès.

 

Anton Köhler, né le 3 janvier 1912 à Marburg an der Lahn (Allemagne) fut arrêté et déporté  au KL Natzweiler-Struthof en passant par le camp de redressement de Schirmeck. Il porta le triangle vert des criminels et fut nommé « Lagerältester » au tunnel d’Urbès.

 

Aloyse Wies, né le 23 novembre 1910 à Mamer (Luxembourg). C’est un résistant déporté dans plusieurs camps dont Natzweiler et Wesserling-Urbès. Dans ce dernier il devint « Unterkapo » pour la répartition du travail d’une douzaine de détenus. Triangle Rouge des Déportés Politiques.

 

Juillet 1944, Harry Hofman, allemand « Lagerältester »

 

Maurice Robichon, né en 1930. Il vivait dans la vallée pendant la guerre. Il est enrôlé de force dans la « Volkswehr ».

 

Julien Haas, né en 1925. Il est le seul survivant des trois fils de la famille.

Il vivait à Husseren-Wesserling durant la période de 1939-1945.

 

Louis Robischung, né en 1918. En 1938, M. Robischung effectue son service militaire à Vincennes. Il est fait prisonnier en Allemagne durant 2 mois. Il est ensuite enrôlé dans l’armée allemande. Durant cette guerre, il a combattu sous les deux drapeaux et a été fait 3 fois prisonnier.

 

Etienne Kotz, né le 13 septembre 1927 à Mulhouse, où en 1941 il débute un apprentissage de ferblantier-installateur sanitaire. A partir de mars 1944 il est envoyé sur le chantier d’Urbès et logé chez des particuliers à Saint Amarin. En juillet 1944 il est incorporé dans le RAD et se retrouve sur le front dans les environs de Luxembourg.

 

Louis Michon, né le 21 juillet 1922 près de Montpellier. A partir de 1940 il est incorporé dans les chantiers de jeunesse. Le 10 avril 1943 il est enrôlé dans le STO et part pour Wiesbaden dans une usine. Il est arrêté et passé devant un tribunal en janvier 1944 pour sabotage. Envoyé en quarantaine à Dachau, il arrive au camp d’Urbès en février 1944. Il sera affecté au kommando de la forge, ce qui lui sauva la vie grâce aux conditions un peu meilleures.

 

Maria Gié, née en 1924, enrôlée dans le RAD elle travaillait dans l’usine Daimler-Bentz à Colmar. En juillet 1944 elle est arrêtée suite à une absence irrégulière et envoyée au camp d’Urbès afin de travailler dans le tunnel.

 

Georg Neutz, né en 1911 à Heilbronn-Frankenbach en Allemagne. Détenu, Il avait la position de chef de travaux « Mon devoir consistait à répartir les différents commando de travail ».

 

 

René Klein, né en 1932, il vivait à Thann chez ses grands parents. Il aperçut les détenus le long de la route ainsi que d’autres cachés et nourris  par sa grand-mère pendant quatre mois.

 

Antoine Andrès fait partie du groupe de 5 jeunes garçons qui ont évité de justesse l’internement au camp d’Urbès pour avoir observé de loin, depuis un chemin, ce qui se passait dans le camp d’Urbès.

LA POPULATION ET LE CAMP

NOTES

Dans le Haut Rhin annexé par l’Allemagne nazie, les camps annexes du KL Natzweiler se situent de la manière suivante :

  • Obernai, c’est le premier camp annexe du KL Natzweiler, il a été créé en décembre 1942 à une vingtaine de km à l’est du camp principal. Son effectif de départ est de 200 détenus et de 160 en septembre 1944, date de sa dissolution. Les détenus travaillaient pour une administration et une entreprise SS. Construction de baraques et transformation d’autres bâtiments afin d’y loger la « SS Nachrichtnschule ». Le nombre des détenus décédés à Obernai est très important, on compte un total de 100 décès liés aux conditions d’exploitation insupportables. Obernai à été dissout en 2 étapes, en semptembre 1944 la majeur partie des détenus est transférée à Dachau tandis que que les 20 détenus restants sont partis à pieds le 22 novembre 1944, la veille de la libération de cette partie de l’Alsace.    IL ont passé le reste de leur détention dans un petit camp annexe de Ulm.

  •  Sainte Marie aux Mines, « camp de Markirch », situé dans la vallée reliant Sélestat à St Dié des Vosges. Ce kommando est ouvert en mars 1944 avec 25 hommes. L’effectif va rapidement augmenter avec l’arrivée de 500 hommes en provenance de Dachau (jusqu’à 1 800 selon certaines sources). On retrouve une majorité d’Italiens (36,6%), des Soviétiques (23,4%), des Yougoslaves (22,6%). 96% sont des détenus politiques. Ce kommando est évacué début septembre 1944.

Les détenus travaillent à l’installation du camp et commencent à aménager le tunnel ferroviare destiné à recevoir le matériel et les hommes du kommando d’Allach (KL Dachau), qui travaillent au BMW Werke dont les installations ont été en grande partie détruites par un bombardement allié.

L’effectif de Sainte Marie aux Mines  du 14 août 1944 est de 1 857, dont 816 pour le kommando Sainte Marie aux Mines A9

et 1 041 pour le kommando BMW dénommé Elsässiche Spezial Grosskellerei (Grandes Cuves alsaciennes).

  • Colmar est cité comme camp annexe « Colmar Urbès – Daimler Bentz » ; certains détenus sont immatriculés à la fois à Colmar et à Urbès, et inversemment. (Colmar semble être une succursale de l’entreprise Daimler-Bentz). On y dénombre  500 détenus.        

  • En date du 30 août 1944, un dernier kommando très éphémère est ouvert à Mulhouse par l’arrivée de 200 hommes en provenance du KL de Dachau. L’ensemble des détenus de Mulhouse sont des politiques, sauf un asocial. La répartition par nationalité est la suivante : italiens (18%), polonais (12,5%) et soviétiques (48,5%). Ce camp est dissout le 29 semptembre et les hommes transférés vers le KL-Flossenbürg (commando Gröditz). La  Elsässiche  Machinenbau GmbH de Mulhouse fabrique des pièces détachées pour l’armée en employant ces détenus.

  • Ce deux derniers kommandos  sont désignés par R. Steegmann de « camps satellites ».

  • Cernay « Sennheim », situé à l’entrée de la vallée de Thann/Saint Amarin, à l’ouest de Mulhouse. Il est placé dans l’institut Saint André qui dès l’origine est un établissement recevant des personnes handicapées. Lors de l’annexion en juin 1940, cet institut devient un camp de transit «Durchganglager  » pour les opérations commanditées par la Gestapo, les Waffen SS et la Wehrmacht : expulsion des "indésirables", internements. Ce kommando est ouvert dans la 2ème quinzaine de mars 1944 et regroupe des hommes qui doivent amenager une école d’instruction des SS d’origines étrangères "Ausbildungskaserne". Il s’agit en fait d’une extension de l’institut Saint André qui est devenu un centre important d’endoctrinement et d’enrôlement (y compris de volontaire français de la Waffen SS, une centaine répartie en 2 compagnies). L’effectif des détenus passe de 80 hommes le 31 mars à 250 hommes en juillet. L’évacuation à lieu le 23 septembre 1944. Les détenus sont principalement des politiques.      

Remarque sur les termes utilisés :

 

Les documents nazis désignent le camp  principal "Konzentrationslager Natzweiler" en abrégé KL Na. Nous avons choisi de respecter cette formule.

Le terme de « détenu » est également utilisé par la suite en lieu et place de celui de « déporté ». Ce choix est dicté par la traduction du mot allemand "Häftling". De même  nous respectons l’orthographe allemande des mots Kommando, Block, Kapo. ainsi que les grades et fonctions SS, comme ceux de la hiérarchie des détenus. Pour désigner le camp sis à Natzwiller, nous  utilisons  le terme « camp principal"  (Hauptlager) ou de « camp-souche » (Stammlager) les "camps satellites" désignant les kommandos extérieurs.

NOTES

KL NATZWEILER - REPÈRES CHRONOLOGIQUES​

 

-> Septembre 1940, découverte d’un filon de granit rose sur le mont Louise par l’ingénieur géologue SS Blumberg.

Début des plans du futur camp de concentration du KL Natzweiler.

 

-> 1941

Mars, décision d’ouverture du KL Natzweiler par Himmler.

Avril, arrivée de la première garnison SS.

Mai, le RAD «  » devient le travail obligatoire pour les alsaciens agés de 18 à 25 ans.

21 Mai, arrivée de 150 détenus triangle verts (allemands et autrichiens), transférés du KL Sachsenhausen pour la construction du camp et l’aménagement des routes.​

12 décembre, décret « Nuit et Brouillard » du chef du commandement de la , le maréchal Keitel. NN « » : extermination rapide des opposants au régime sans laisser de traces. Triangle rouge.

 

-> 1942

Février, installation dans les premières baraques du camp.

Mars, création d’un kommando de travail de la carrière.

​Avril, décret du général SS Pohl sur l’extermination des détenus par le travail.

4 août, évasion de 5 déportés du camp central, seul exemple d’évasion réussie. Un des déportés est repris et pendu le 5 novembre.

Aout 1942, incorporation forcée des jeunes alsaciens dans la .

Septembre, changement de statut du camp. Il peut désormais recevoir des déportés directement de prison et des polices, et non simplement d’autres camps de concentration comme c’était le cas jusque là.

Décembre, ouverture du premier camp annexe du Struthof à Obernai.

-> 1943 : Le nombre de détenus atteint 1500.

17 Février, 13 jeunes de Ballersdorf (Haut Rhin), réfractaires à l’incorporation de force sont fusillés à la sablière.

Avril, la chambre à gaz est mise en fonction (dans une ancienne dépendance de l’hôtel du Struthof).

15 Juin, arrivée des premiers déportés NN. Début des travaux de construction de la .

9-12-15 juillet, arrivée des convois de prisonniers NN français.

Eté, des baraquements sont construits dans la carrière pour y faire travailler des détenus pour l’armement (). L’exploitation du granit est réduite.

11-19 Août, 87 juifs (30 femmes et 57 hommes) arrivents du KL Auschwitz pour être gazés. 1 des femmes est fusillée pour la collection de squelette du commandant SS Hirt.

Octobre, dernière étape dans la construction du camp avec l’installation du block du four crématoire. Egon Zill est muté au KL Flossenbürg, Joseph Kramer est le nouveau commandant du camp.

8 décembre, le RAD et le service militaire obligatoire (incorporation de force) sont introduits pour la classe d’âge 1926 (dès 17 ans).

Décembre, ouverture des camps annexes liés à l’industrie de guerre, le premier à Schömberg.

​-> 1944 

19 mai, 7 luxembourgeois, 3 français et 1 apatride sont fusillés dans la gravière du KL Natzweiler.

Mai, Joseph Kramer quitte le KL Natzweiler et devient commandant du KL Auschwitz-Birkenau. Son successeur est Friedrich Hartjenstein.

13 juin,

6 juillet, exécution de 4 résistantes, dont 2 françaises du SOE (Special Operations Executive) par injection de phénol.

Août, le camp est saturé. L’effectif du camp représente plus du triple de sa capacité d’accueil.

1/2 septembre, 107 membres du réseau Alliance et 35 membres du Groupe Mobile Alsace-Vosges amenés par camions sont exécutés au camp.

2/20 septembre, évacuation du camp principal par les nazis vers Dachau et Allach.

Octobre, 18 907 détenus dans les camps annexes du KL Natzweiler. A la fin de 1944, ils sont      22 000.

11 novembre, transfert de l’administration du camp à Guttenbach. Après l’évacuation du camp central, les camps annexes situés à l’est du rhin continuent de fonctionner.

23 novembre, le KL Natzweiler est le premier camp de concentration découvert par les alliés à l’ouest de l’Europe.

 

​-> 1945

Mars-avril, évacuation des camps annexes de Natzweiler (« Marche de la mort »).

2 mai, capitulation des troupes allemandes sur ordre du commandant de la ville de Berlin.

5 mai, la deuxième DB de Leclerc atteint Berchtesgarden, le nid d’aigle d’Hitler en Bavière.

7 mai, capitulation sans conditions de l’Allemagne nazie à Reims.

9 mai, deuxième capitulation allemande sans conditions à Berlin (présence de Jean de Lattre de Tassigny)

 

Le nombre total de tués pendant la Deuxième Guerre Mondiale atteintenviron 55 293 500. Des archives permettent actuellement encore de réviser ces chiffres à la hausse.

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23 Juillet 1960, le Général de Gaulle inaugure le mémorial national sur le site de l’ancien KL Natzweiler.

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3 novembre 2005, le Président de la République Jacques Chirac inaugure le « CENTRE EUROPEEN DU RESISTANT DEPORTE » (CERD) construit sur la « Kartoffelkeller » dans l’enceinte du site de l’ancien KL Natzweiler.

REPÈRES CHRONOLOGIQUES​

GLOSSAIRE​

Appelplatz : place de l’appel.

Arbeitlager : camp de travail.

Block : baraque de détenus, le plus souvent construite en planches.

Camp de concentration (nazi) : centre de détention créés initialement par le IIIème Reich à partir de 1933 pour interner, éliminer les opposants politiques au régime nazi ainsi que les Tziganes, les Juifs, les témoins de Jéhovah, les homosexuels et les éléments asociaux (criminels, vagabonds, etc...) et exploiter leur force de travail. Les camps ont étés aussi utilisés pour la détention des résistants et opposants de tout l’Europe occupée, et leur utilisation en tant que main d’œuvre servile. Tout visait à déshumaniser les détenus et à les conduire à une mort rapide.

Camp d’extermination : camps spécialement créés pour la mise en œuvre de la « solution finale » ainsi que pour l’élimination des Tziganes er des Slaves.

Goumi : matraque en caoutchouc.

Kapo : détenus (souvent criminels de droit commun) chargés d’encadrer les prisonniers du camp, un block ou un kommando.

KL : Konzentrationslager (camp de concentration).

KL - Na : camp de concentration de Natzweiler.

KZ : autre dénomination du camp de concentration.

Kommando : camp annexe au camp souche – camp de travail- détachement de détenus assignés à un travail.

Lager : camp

Los ! Los schnell ! : ordre d’avancer plus vite souvent accompagné de coups.

Marches de la mort : devant l’approche des troupes alliées, les SS firent évacuer les camps. Ces transferts de prisonniers affaiblis par le travail, les privations et les maladies, et effectués souvent dans des conditions épouvantables firent de très nombreuses victimes.

NN : Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard). Désigne les déportés destinés à disparaître obligatoirement. Les décrets dits « NN » de décembre 1941 visent à intensifier la répression contre les opposants d’Europe occidentale. Le but est de les supprimer totalement, en effaçant toute trace de leur existence et de leur mort, comme des silhouettes englouties dans la nuit et le brouillard.

Revier : block médical, infirmerie.

Schlague : matraque ou nerf de bœuf.

Solution finale : nom de code nazi pour l’extermination programmée des juifs d’Europe.

SS : SchutzStaffeln (escadrons de protection). Parmi ses diverses missions, la SS a été l’organisatrice de l’instrument répressif du régime nazi avec les camps de concentration et les camps d’extermination. Les SS « Totenkopf » (« tête de mort ») étaient les gardiens des camps.

STO : Service de Travail Obligatoire - en France

RAD : Reichsarbeitsdienst : Service National du travail du Reich

Stück : morceau, pièce, terme comptable utilisé pour désigner les détenus.

Typhus : maladie épidémique transmise par des poux de corps.

 

 

 

 

GLOSSAIRE

Rédaction : AFMD 68  de 2012 à 2016.

Dès 2012, pour accompagner le projet de valorisation du Tunnel d'Urbès, l'AFMD 68 s'est impliquée dans le recensement et l'extraction des sources existantes sur l'histoire de ce site historique. 

La présentation faite en introduction de ce site web n'a pas la prétention d'être exhaustive ; les recherches en cours, effectuées par nous et nos partenaires sont destinées  tout naturellement à être publiées au fur et à mesure des travaux et de l'accord des auteurs. Le but de ce site web est de continuer à dialoguer autour des connaissances et des savoirs qui construisent la pensée active et sensible des visiteurs.

 

En 2015 la célébration du 70ème anniversaire de la Libération des camps nazis  s'est inscrite dans la commémoration de la libération de la France et la victoire sur le nazisme en Mai 1945 -décret n°2012-1305 du 26/11/2012 créant une mission interministérielle des anniversaires des deux guerres mondiales).  A ce titre le projet du Tunnel a été homologué par l'ONAC du Haut-Rhin  qui a accordé une subvention à l'AFMD 68.

La fresque du bunker et le sentier d'interprétation ont été inaugurés le 13 septembre 2016.

Le travail de mémoire va continuer grâce aux recherches et aux actions culturelles et mémorielles. Elles permettront à chacun de mieux connaître le système concentrationnaire nazi et les horreurs produites par les idéologies de déshumanisation, du culte de la violence et de la domination,  de la négation des  autres jusqu'à l'extermination de nos semblables, hier comme aujourd'hui.

B. SPINOZA nous  rappelle :  LA PAIX n'est pas l'absence de guerre, c'est  UNE VERTU et UNE VOLONTE.

Il nous appartient d'apporter notre pierre à l'édifice de la Paix.

Sources  et  bibliographie : 

CERD – STRUTHOF – Mme Frédérique NAU-DUFOUR Directrice

Mémorial de NECKARELZ – Mme Dorothée ROOS Directrice.

Amicale des Anciens Prisonniers et des Familles de Disparus de Natzweiler-Struthof - Luxembourg. – M et Mme E. JEITZ-LESS.

François Wehrbach  -auteur du livre de témoignages  « KL NATZWEILER-BLOCK W » - Baustelle U.

Arno Huth - recherches et pédagogie - Gedenkstaette NECKARELZ

Ernest Gillen - Déporté luxembourgeois - Dessins et témoignages.

Robert Steegmann - Historien membre du Conseil scientifique du CERD - Le camp de Natzweiler-Struthof

 

 

Arlette Hasselbach – Présidente de l’AFMD 68    - 

Camille Boeglin – Assistante – Membre de l’AFMD 68.

Eve Gissinger – Traductrice – Membre de l’AFMD 68.

Hans-Peter Goergens -  Animateur de groupes - Membre AFMD 68.

 

 

 

 22 juin 2017 .pour intégration dans le site wixsite.

AH.

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